La fibromyalgie


La Fibromyalgie, c'est quoi ?

La fibromyalgie est caractérisée par une douleur corporelle diffuse qui s’accompagne de fatigue, de troubles du sommeil, d’un dérèglement neurocognitif, de troubles de l’humeur et autres manifestations somatiques.

La fibromyalgie (FM) n’est pas une maladie imaginaire, elle est réelle et reconnue au niveau médical. Elle existe depuis très longtemps et a changé de nom au fil des ans (fibrosite, polyalgie, etc.). Les critères de classification ont été établis en 1990 par l’American College of Rheumatology et elle a été ainsi définie comme une maladie à part entière connue maintenant sous la dénomination « fibromyalgie ». En 1992, l’Organisation mondiale de la santé a reconnu officiellement le diagnostic de fibromyalgie.

Chez les personnes atteintes de fibromyalgie, les fibres nerveuses, présentes dans tout l’organisme, sont plus sensibles et plus actives que la normale, ce qui leur cause plus de douleurs qu’aux personnes qui ne souffrent pas de cette maladie. La fibromyalgie est donc un trouble d’hyperexcitabilité du système nerveux central qui se manifeste par un ensemble de douleurs aux muscles, aux articulations, aux ligaments et aux tendons dans toutes les parties du corps sans présence d’inflammation.

On estime entre 3,3 % et 5 % le taux d’incidence de fibromyalgie au Canada, soit de 260 000 à 400 000 personnes au Québec seulement. La prévalence de la fibromyalgie est de 6 à 9 fois plus fréquente chez la femme que chez l’homme. L’âge moyen des personnes atteintes de FM se situe entre 30 et 55 ans. Elle peut également affecter les enfants, les adolescents et les personnes âgées.

  • Les signes et symptômes
  • Les causes
  • Le diagnostic
  • Les maladies apparentées à la fibromyalgie
  • Les stratégies pour mieux vivre avec la fibromyalgie
  • L’évolution de l’état de santé, les impacts et ressources utiles

Signes et symptômes

Ce tableau a été réalisé à partir de la Synthèse du Consensus sur le syndrome de la fibromyalgie (version révisée) du Journal of Musculoskeletal Pain – Volume 11, No 4, 2004

Système musculosquelettique

  • raideur généralisée
  • crampes musculaires (jambes) lourdeur et douleur thoracique

Système nerveux

  • fatigue persistante
  • manque d’endurance
  • migraines ou maux de tête

Sensoriel

  • hypersensibilité à la douleur
  • hyperréactivité aux stimuli nuisibles
  • déformations perceptuelles et dimensionnelles
  • sensation de brûlure ou d’enflure
  • phénomène de surcharge sensorielle

Cognitif

  • difficulté à gérer l’information
  • déficit cognitif
  • troubles de concentration
  • troubles de remémoration
  • confusion
  • mauvais emploi des mots
  • troubles de mémoire à court terme

Motricité et équilibre

  • faiblesse musculaire
  • manque d’équilibre
  • maladresse et tendance à échapper les objets
  • troubles de démarche du funambule
  • engourdissement ou fourmillement

Troubles du sommeil

  • hypersomnie ou insomnie
  • sommeil non réparateur, apnée du sommeil

Système neuroendocrinien

  • changement soudain de poids
  • intolérance à la chaleur/au froid
  • sautes d’humeur, anxiété
  • dépression réactionnelle

Troubles visuels et auditifs

  • changement ou douleur aux yeux
  • vision double, floue ou sinueuse
  • sécheresse/démangeaison des yeux
  • photophobie
  • acouphène
  • interférence causée par les bruits de fond

Système circulatoire

  • hypotension orthostatique
  • évanouissement ou vertige
  • palpitations et tachycardie
  • rétention d’eau
  • ecchymoses

Système digestif

  • bosse dans la gorge
  • nausées
  • brûlement d’estomac
  • douleurs abdominales
  • syndrome du côlon irritable

Système urinaire

  • troubles de la vessie
  • vessie hyperactive

Système reproductif

  • endométriose
  • TPM ou cycle menstruel irrégulier
  • perte de libido ou impuissance
  • anorgasmie

Généralement, le patient démontre plus de deux symptômes lors de la consultation avec un professionnel de la santé. Cependant, il serait inusité de retrouver tous ces symptômes et signes chez une même personne. 

Signs and symptoms of Fibromyalgia (version anglaise de ce tableau)

Les causes

Bien que la FM soit de cause inconnue, la compréhension des changements neurophysiologiques observés renforcera la validité de cette maladie auprès des professionnels de la santé et de la population.

Une explication médicale des anomalies du processus de la douleur ont été identifiées à divers niveaux des systèmes nerveux périphérique, central et sympathique, ainsi qu’au niveau de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS) en ce qui a trait à la réponse neurohormonale de stress. Les anomalies documentées comprennent la sensibilité périphérique et le phénomène d’embrasement ou sensibilité centrale, tel que l’indiquent les clichés d’IRM et de TEMP fonctionnelles du cerveau, des taux accrus de substance P dans le liquide céphalo-rachidien, ainsi qu’un dysfonctionnement des inhibiteurs diffus des influx nociceptifs.

Dans l’apparition de la fibromyalgie, les causes peuvent provenir de facteurs génétiques et d’événements traumatiques antérieurs de nature physique ou psychologique. La littérature indique qu’une douleur peut être provoquée par un traumatisme physique par exemple, une blessure à la colonne vertébrale suite à un accident ou un traumatisme psychologique. D’autres traumatismes connexes, comme une intervention chirurgicale, des efforts répétitifs, un accouchement, une infection virale et une exposition aux produits chimiques peuvent être mis en cause. Une prédisposition génétique peut aussi être à l’origine, si plus d’un membre de la famille en est atteint.

Certains cas vont se manifester graduellement sans cause apparente mais il est déconseillé d’accorder une attention exagérée à un événement déclencheur car cela peut compromettre les soins au patient.

Le diagnostic

La fibromyalgie devrait être diagnostiquée suite à la présence depuis au moins trois mois, de douleurs corporelles diffuses chez un individu qui peut aussi manifester des symptômes de fatigue, des troubles du sommeil, des changements de nature neurocognitive, des troubles de l’humeur ainsi que d’autres manifestations physiques d’intensité variable, et lorsque les symptômes ne peuvent pas être expliqués par une autre maladie.

Dans le cadre d’études de recherche, des anomalies neurophysiologiques objectives ont été identifiées chez des patients atteints de fibromyalgie, mais qu’elles ne peuvent servir dans un cadre clinique au diagnostic ou aux soins des personnes atteintes de fibromyalgie. Comme il n’existe pas de biomarqueurs précis pour identifier la présence de la fibromyalgie, les médecins utilisent des critères diagnostiques de la fibromyalgie ainsi que des tests permettant d’éliminer d’autres maladies. Ce procédé se nomme diagnostic d’exclusion. Ainsi, le médecin s’assure de ne pas confondre une maladie ayant des symptômes similaires à la fibromyalgie. Pour le patient, le processus semble parfois long, mais il est nécessaire à l’obtention d’un bon diagnostic.

Les maladies apparentées à la fibromyalgie

En suivant les Lignes directrices canadiennes 2012 pour le diagnostic et la prise en charge du syndrome de fibromyalgie, le médecin de premier recours devrait poser le diagnostic de FM aussitôt que possible, sans solliciter la confirmation d’un médecin spécialiste, et communiquer le diagnostic au patient. En fonction de l’évaluation clinique, il pourrait s’agir de maladies endocriniennes (hypothyroïdisme), de maladies rhumatismales (arthrite inflammatoire précoce ou polymyalgie rhumatismale), de maladies neurologiques (myopathie ou sclérose en plaques) ou encéphalomyélite myalgique / syndrome de fatigue chronique (l’EM/SFC). Chez certains patients, des examens supplémentaires ciblés tels qu’une évaluation du sommeil ou une évaluation psychologique structurée pourraient être utiles.

L’encéphalomyélite myalgique / syndrome de fatigue chronique (l’EM/SFC) est accompagnée d’une plus grande fatigue, d’un malaise après un exercice physique, de troubles cognitifs plus importants, de troubles cardiaques et d’un dysfonctionnement du système immunitaire. Il est possible qu’une même personne puisse se retrouver à la fois avec les symptômes de la FM et de l’EM/SFC. Des études ont démontré que 75 % des personnes qui souffrent de l’EM/SFC sont aussi atteintes de fibromyalgie, mais moins de personnes atteintes de FM souffrent de l’EM/SFC.

Les stratégies pour mieux vivre avec la fibromyalgie

Il n’existe actuellement pas de cure pour la fibromyalgie, et le traitement préconisé devrait cibler le soulagement des symptômes et la conservation d’une capacité fonctionnelle optimale. La prise en charge idéale devrait englober des traitements pharmacologiques et non pharmacologiques qui comprendra au moins un traitement de nature éducative ou traitement psychologique, et au moins un traitement lié à l’activité physique, et ce, avec la participation active de la personne atteinte de fibromyalgie. 

La connaissance de ses propres capacités et l’adhésion au traitement auront une répercussion favorable sur l’évolution de son état de santé.

L’évolution de l’état de santé, les impacts et ressources utiles

Contrairement à la croyance populaire, l’évolution de l’état de santé n’est pas si désastreuse ou grave pour la majorité des patients en dépit du fait que les symptômes persistent et varient au fil du temps selon des durées documentées allant jusqu’à sept ans. Toutefois, pour certains, la FM influence la qualité de vie liée à la santé sous plusieurs angles ; du point de vue de la capacité fonctionnelle ainsi que de la santé émotionnelle et psychologique. Les facteurs suivants sont susceptibles de compromettre l’évolution de l’état de santé de la personne atteinte : la présence d’un trouble de l’humeur et un problème sérieux d’obésité.

D’où l’importance de fournir les outils à la personne atteinte afin qu’elle soit capable de prendre en charge la maladie.

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